Le vent d’hiver se faufile dans ses longs cheveux ondulés. Frisson. Il fait froid. Damn, il fait si froid. Après un mois passé en Amérique du sud, Leanne avait bien trop vite oublié les températures glaciales qui s’immisçaient d’octobre à mars en Angleterre. Elle aurait dû apporter sa cape, mais, comme souvent, elle voulait paraître plus forte qu’elle ne l’était véritablement. Assise sur un banc, face à une maison – un manoir, plutôt – austère, elle attend. Depuis deux heures, elle attend. Elle regarde les gens qui passent, l’allure rapide, sans un sourire sur leur visage. Des vies monotones, sans but aucun. Elle les juge si différents d’elle, à des années lumières, mais le sont-ils réellement ? Une vie sans horizon, sans espoir, n’est-ce pas la direction que la sienne est en train de prendre ? Tant de fois déçue, elle ne sait pas bien ce qu’elle fait là. Il semble pourtant être celui qui, doté d’une âme salvatrice, l’emmènera dans un autre monde. Un monde irréel mais tellement préférable. Et quand il arrive enfin, il ne la voit pas, certainement pressé de rentrer chez lui et s’éloigner des moldus qu’ils croisent sur son chemin. Alors, au loin, elle l’interpelle d’une phrase qui n’a, à priori, ni queue ni tête. « J’déteste le vert, tu savais ? » Il se tourne vers elle – elle ne sait pas décrypter l’expression de son visage. Surprise ? Colère ? Tristesse ou envie ? Elle ne sait pas et s’en fiche. Ils ne se sont pas vus depuis des mois. Quatre mois et vingt jours exactement. Quatre long mois et vingt jours interminables. Car si elle ne bouge pas d’un pouce, elle meurt d’envie de se jeter dans ses bras. De retrouver son odeur et de se blottir contre lui. Pour oublier l’absence, pour remplacer le manque. Du banc sur lequel elle était assise, elle se lève, traverse la rue qui les sépare mais s’arrête, assez loin pour ne pas se laisser enivrer par ses effluves trop familières. Inoubliables. Elle ne veut pas paraître faible, Leanne. Esclave de ses désirs, esclave de ses sentiments. « C’est triste comme couleur, » elle continue dans sa tirade incompréhensible. Sauf qu’elle sait très bien où elle veut en venir. « Une couleur sévère, qui représente la jalousie, l’avarice. » Elle le regarde, les yeux dans les yeux, et conclut : « j’ai toujours trouvé qu’c’était une couleur de lâche. » Toi, le lâche. Elle est là, Leanne, mais elle n’oublie pas. La colère et la déception ; tout ce qu’elle avait ressenti quand il lui avait lâchement annoncé qu’il était temps que leur histoire s’arrête. La parole méprisante qu’il savait si bien maîtriser ne l’avait pas failli. Elle n’avait jamais été aussi désemparée. Meurtrie. Abandonnée, une fois encore, une fois de plus. Il n’était pas n’importe qui. Il était celui que son cœur avait décidé d’aimer. Et, god, elle détestait ce cœur faible, ce cœur idiot qui s’était mis à rêver à des chimères impossibles. Irréalisables. Revenir vers lui, quatre mois et vingt jours après, était sûrement une énorme connerie. C’est pourtant de lui dont elle a besoin. De lui dont elle a envie. Elle plisse les yeux, l’observe un instant, oubliant même le froid qui la paralysait il y a encore quelques minutes. Les traits tirés, elle imagine que le travail colossal demandé en huitième année le fatigue. Elle imagine, seulement, car elle ne s’est jamais vraiment sentie concernée par cet aspect de la scolarité. Il est toutefois plus sérieux qu’elle ne l’a jamais été et, surtout, possédait une ambition hors du commun. Elle s’approche, pas à pas, petit à petit, et sans avoir aucune crainte qu’il ne la repousse, elle ose effleurer la joue de Blaise Zabini, et murmurer : « been missing you, pretty head. » Haussant les épaules, comme si cette simple phrase expliquait la raison de sa présence ici, elle jette un regard vers la maison du Serpentard. « Invite me in? », elle interroge. Et sans attendre sa réponse, elle pousse le portail et s’engage dans l’allée, les talons de ses bottes claquant sur les pavés humides. Elle ne craint rien : elle a vu la mère du garçon sortir trente minutes plus tôt. Blaise n’a aucune excuse pour l’empêcher de rentrer – pour la première fois – chez lui. Elle ne le laissera pas lui échapper, pas cette fois. Elle a besoin de lui. Elle a besoin de le retrouver. Comme avant. Comme en Italie, là où le monde s’était arrêté.
on my way to you (bleanne)
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